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A Leh et retour

Du 18 au 26 août,
 
Le centre de Leh n'est pas très agréable: poussière, klaxons et vendeurs à l'affut. Nous avons donc élu domicile dans une endroit plus sympa, sa banlieue verte si l'on veut, le village de Changspa, où les maisons possèdent des potagers et des champs de blé. La famille chez qui nous logeons possède une belle maison traditionnelle Ladakhi dont elle loue les pièces supplémentaires aux touristes l'été. Leh est une ville ultra touristique, dans la rue on trouve des français (trekkeurs), des magasins de souvenirs tenus par des Népalais ou des réfugiés tibétains, des "german bakeries", des restaurants, qui, outre les menus tibétains, proposent des plats italiens, américain, francais, israëliens...
L'avantage d'une ville touristique telle que Leh est que la vie y est facile: on y est bien logés pour pas très cher, on y mange facilement de la nourriture variée, tous les services et les commerces (Internet, poste, pharmacie, librairie) sont disponibles et adaptés aux touristes étrangers. C'est une ville où l'on pourrait se "laisser vivre" des semaines. Les "inconvénients" (coupures régulières de courant, absence d'eau chaude, il faut demander des baquets) restent largement supportables. Le problème c'est que l'on s'y sent justement "touriste", "consommateur de montagne". On est entourés par les agences qui proposent les divers trek de la région (treks tout confort accompagnés de guide, d'ânes ou mules et de cuisinier), le tour des monastères en 4*4 ou encore la location de vélo ou moto pour arpenter la région. Nous sommes contents de nous y reposer mais nous ne nous sentons pas complètement à l'aise dans cette ville.
 
 
Vue depuis le Shanti Stupa, dans notre quartier, qui offre un beau panorama
 
 
Toujours au Shanti Stupa, construit par des bouddhistes japonais pour promouvoir la paix,
la montagne la plus haute au fond est le Stok Kangri
 

 
Comme dans beaucoup de villes indiennes les vaches participent au recyclage
 

C'est cependant l'endroit idéal pour rencontrer d'autres voyageurs. Sur les conseils de deux d'entre eux, Sabine, une Suisse, et Chris, un Australien, nous décidons de nous lancer dans l'ascension du Stok Kangri, le sommet le plus couru de Leh, qui culmine à plus de 6000 mètres. Nous pensions n'être pas suffisamment équipés pour, mais d'après nos amis, il n'y a quasiment plus de neige au sommet et juste une traversée d'une centaine de mètres sur un glacier horizontal. L'ascension est donc possible sans crampons et avec nos chaussures légères. Nous nous décidons donc à tenter l'aventure et partons en autonomie pour 3 jours. Malheureusement nous redescendrons bredouille.
La veille du sommet est assez calamiteuse. Alors que avons atteint le "camp de base 2" à 5000 mètres d'altitude où nous sommes absolument seuls, avec une vue magnifique, Pierre commence à souffrir de maux de tête (étrange, on s'était pourtant bien acclimatés sur la route) et se couche. En fin d'après midi il fait sacrement froid et c'est le moment que choisit notre petit démon du foyer, notre indispensable réchaud Primus, (que nous avons tendrement surnommé Calcifer, pour ceux qui ont vu "Le château ambulant") décide de faire des siennes. Il avait déjà donné des signes de fatigue que nous avions interprété comme un encrassement dû à la mauvaise qualité de l'essence indienne, nous l'avions nettoyé, mais le problème persiste. Ce soir donc il fait froid, Pierre est HS, et je m'évertue à faire cuire des lentilles corails (après trempage 15 minutes suffisent normalement), mais Calcifer s'y refuse, il crachote, il s'éteint. Il faut le démonter, le nettoyer, le relancer. Au bout d'une demi heure l'eau atteint seulement l'ébullition, après une heure de cuisine dans le froid ça devient tout juste mangeable et on a dû consommer beaucoup d'essence (on a assez peur de ne pas en avoir assez pour le petit dej du lendemain). Autre problème, l'eau. La seule accessible sort de la moraine et est particulièrement chargée. Nous avons laissé notre filtre à Delhi et doutons que les pastilles suffisent pour la rendre potable (d'autant plus que nous avons rencontré un trekkeur tchèque qui redescendait malade après avoir utilisé cette eau). Soirée déprimante au camp de base, nous nous couchons avec un mauvais pressentiment pour le lendemain. Ça se confirme, le lendemain matin l'ascension est de toutes manières impossible, le sommet est complètement recouvert de nuages et il tombe un fin grésil qui recouvre progressivement le sol. On aurait pu rester une journée et attendre le lendemain des conditions plus propices mais on est d'une part un peu inquiets, car on risque de ne pas avoir suffisamment d'essence et on a un réchaud au fonctionnement aléatoire, d'autre part on a un peu peur que la neige dégrade les conditions d'ascension et que l'on soit un peu "just" en tennis et enfin Pierre a encore mal à la tête. C'est décidé on descend. Pas de regret cependant car le lendemain des nuages recouvrent encore le sommet.
 
 
Premier soir: Pierre met en fuite des dzos qui auraient bien voulu partager notre pitance.
Ils sont imposants mais heureusement parfaitement pacifiques
 
 
Deuxième jour: des sommets à perte de vue
 
 
Matin du troisième jour: sous le grésil
 
 
Matin du troisième jour: sommet sous les nuages, ascension compromise
 
 
Troisième jour: le temps s'améliore dans la descente, on en profite
 
 
Treks organisés: les mules portent les bagages

Retour à Leh d'où nous partons cette fois le matin pour le petit village de Choglamsar à une dizaine de kilomètres pour assister à une leçon que vient donner sa sainteté le quatorzième Dalaï Lama. Nous comptons prendre un bus, mais beaucoup de Ladakhi ont eu la même idée que nous et nous attendons en vain à la gare routière. Tous les bus sont partis et sont sans doute bloqués là-bas. C'est avec une vingtaine de personne dans un camion à bestiaux que nous faisons le trajet. Le rassemblement a lieu sur une grande pelouse. C'est le Woodstok bouddhiste! Les familles se pressent et s'installent sur le sol, protégés du soleil par des parapluies de toutes les couleurs. Les enfants jouent et le Dalaï Lama, assis sur une estrade explique quelques principes simples du bouddhisme. Des vendeurs de chips, de pop corn, de boissons circulent en périphérie. Des enfants courent un peu partout. L'ambiance est plus festive que religieuse. Le Dalaï Lama parle en tibétain, vient ensuite la traduction en Ladakhi. Nous sommes dans un petit carré de pelouse où il y a aussi une traduction en anglais. Au cours de la leçon de femmes en habits traditionnels offrent du thé beurré l'ensemble des participants. Nous devons d'ailleurs confesser que nous sommes bien plus intéressés par l'animation qu'offre les spectateurs que par la leçon plutôt lente et répétitive du Dalaï Lama.
 
 
Dans le camion vers Choglamsar
 
 
Foule rassemblée sur la pelouse
 
 
Le Dalaï Lama
 
 
Les parapluies, pour le soleil et la couleur
/ Retour sur le toit d'un bus
 
A Leh nous avons passé aussi des moments privilégiés à discuter avec nos hôtes. Le fils de la famille, qui a notre age, nous a gentiment raconté la vie du Bouddha et expliqué quelques principes bouddhiste comme la fameuse "roue de la vie" que l'on voit représentée dans tous les temples. Nous avons eu aussi un aperçu de la vie quotidienne d'une petite famille Ladakhi en été. Car en hiver c'est une autre paire de manches, quand tous les touristes et les commerçants népalais sont repartis, les Ladakhis affrontent des hivers rigoureux, les deux seules routes d'accès sont souvent coupées par la neige, il ne reste que le petit aéroport en fonctionnement. Puis il y a aussi les coupures d'électricité qui sont monnaie courante, le chauffage qui se limite au poêle dans une seule pièce, les produits frais qui disparaissent (à tel point que les Ladakhis végétariens par conviction sont contraints de manger du mouton)...
Le dernier jour nous recroisons Ben, un voyageur à vélo que nous avions rencontré en Iran. C'est un fieffé bricoleur et il nous rend un fier service: il diagnostique le problème de Calcifer. Visiblement la pompe du réchaud présente un petit défaut qui empêche la mise en pression correcte de la bouteille d'essence. Avec un petit bout d'adhésif (que nous complèterons par un petit bout de fil de fer) il nous répare le piston incriminé. On va pouvoir partir en randonnée en autonomie en étant plus sereins!
Dernière soirée à la guest house Taktok, pour nous faire plaisir la mère prépare des momos. Nous observons et plaisantons ensemble dans la cuisine. Elle propose de venir une ouvrir une "momo school" en France. Je suis sûre que ça marcherait du tonnerre! On observe donc, bien décidés à ramener cette bonne recette tibétaine en France. On se régale ensuite. Demain, avant l'aube, nous prendrons un bus en direction de Keylong où nous ferons une étape avant de continuer à vélo dans la vallée de Spiti.
 
Préparation des momos en famille