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Delhi, premier contact avec l'Inde

Du 19 au 28 juillet,

Nous arrivons à l'aéroport international Indira Gandhi de Delhi à 6 heures du matin. Autour du tapis à bagages, nous attendons avec une légère anxiété nos vélos. Dans quel état vont-ils apparaître? Ils ne se font pas trop attendre et à première vue, même s'ils ont perdu leurs emballages de cartons, ils ont l'air en état de marche. Le remontage, long et fastidieux car on manque de sommeil, le confirme : à part une roue légèrement voilée, la perte d'une valve et d'une attache de porte bagage, tout va bien. Ouf! Nous pouvons comme prévu pédaler vers le centre de Delhi à la recherche d'une chambre où nous reposer.
D'un point de vue purement cycliste, notre trajet vers le centre ville s'avère plus facile que ce que nous avions imaginé. La circulation est un joyeux capharnaüm où les véhicules communiquent à grands coups de klaxon. Il n'est pas rare de voir un vélo ou une moto à contre sens sur une route à plusieurs voies. Mais, en restant bien attentifs, nous nous faufilons rapidement vers le cœur de cette cité.
Sur le chemin, beaucoup de visions sont choquantes. Dans tout Delhi, des indiens vivent dans la rue, ils sont pieds nus dans cet environnement souvent très sale, parfois malodorant. Au feu rouge, des enfants, des mutilés mendient. On voit de tout, sans tabous. La pauvreté côtoie la richesse des ex-quartiers coloniaux où l'on entrevoit d'immenses villas gardés par des hommes armés, devant lesquelles stationnent de belles voitures avec chauffeurs. Ce n'est pas une ville facile à comprendre. Heureusement, le lendemain, nous nous rendons chez Tak, un Américain d'origine japonaise qui vit à Delhi depuis 5 ans et que nous avons rencontré grâce au site internet "Warmshowers". Il nous fera apprécier et découvrir un peu mieux cet univers intense.
Après son boulot, Tak nous fait déambuler dans des coins souvent insolites de Delhi. Nous visitons à vélo son quartier. Autour du lieu où il travaille, près du Qutub Minar (minaret de la premiere mosquée construite à Delhi à partir d'un temple hindou pour célébrer la victoire des musulmans en 1193), nous découvrons, perdus au milieu des habitations un temple moghol et un mausolée musulman. Lors d'une marche nocturne , nous apprenons que le massif arc de triomphe d'India Gate a été construit à l'honneur des indiens morts pendant la deuxième mondiale. Nous expérimentons la nourriture des rues, celle que nous n'aurions pas osé gouter tout seuls tant la propreté de l'endroit où elle est préparée est "douteuse". Nous nous régalons de jelabis (tortillons de sucre orange) frits devant nous, ou du lait d'une noix de coco ouverte à la machette. Nous partageons un chaï (thé au lait sucré) dans Old Delhi avec un Kashmiri, francophone et francophile blond aux yeux bleus ; il paraît qu'ils sont souvent comme ça dans cette région de l'Inde. Que c'est agréable de visiter Delhi de cette façon. Nous sommes bien plus détendus et arrivons à profiter de cette ville que nous avions bien du mal à appréhender tout seuls! Le dernier soir, nous sortons pour aller manger sous la mousson, "au moins du 15mm/heure" selon Anne-Marie. Nous avons notre poncho pour nous protéger du déluge et des tongs pour patauger dans l'eau qui parfois nous monte à mi mollets.
Visite du Qutub Minar/Avant de sortir sous la mousson.

Nous goutons tous les soirs un type de cuisine différent : tibétaine avec des momos végétariens (sortes de gros raviolis cuits à la vapeur qui me rappellent le Népal), Inde du sud dans une cantine où nous mangeons avec les doigts des mets épicés -au point qu'ils nous font pleurer et moucher- épongés par du riz et des chapatis (petits pains de farine de blé complète ronds et plats), moghol dont un succulent massala (cocktail d'épices) de mouton dans un quartier musulman de Old Delhi, afghan proche de la cuisine que nous avons gouté en Iran et Inde du Sud encore avec des dosas, sortes de grandes crêpes de farine de riz fourrées, craquantes et beurrées comme les crêpes bretonnes. Ces repas sont de précieux moments d'échanges où Tak nous explique sa vision sur la société indienne et plus particulièrement Delhi. "La capitale indienne n'est une ville ni facile à vivre, ni facile à décrypter mais ça vaut le coup de s'accrocher pour se rendre compte que les indiens sont plein de ressources, plein d'idées, très inventifs, que de petites initiatives fleurissent partout. Malheureusement, la corruption gangrène le système à tous les niveaux."

Nos journées sont largement occupées par l'intendance. Pas si facile en Inde de trouver de nouvelle chaussures de trail, des lentilles de contact ou de faire changer la pile d'une montre (il faudra aller jusqu'au siège commercial de Casio). Nous bichonnons aussi nos vélos (dévoilage des roues, nettoyage, changement des patins de frein) afin qu'ils soient prêts à affronter notre périple himalayen. Chez Tak, nous sommes comme des rois. Il a, comme dans beaucoup de foyers de classe moyenne, une house keeper. Renu, originaire d'Inde du Sud, vient chaque matin faire le ménage, elle nous mitonne de bons "rice dal and veg " (riz, lentilles et légumes) et nous fait même la lessive, à le main. Nous sommes un peu gênés, pas facile d'accepter ces coutumes.

Escapade à Agra:
Nous quittons Delhi pendant deux jours pour aller à Agra avec Sabine et Kinga qui rentrent du Ladakh. Nous avons rendez-vous le matin à l'"International Foreign Office" de la gare de New Delhi, bureau de réservations des billets de train réservé aux étrangers. Pour parvenir à ce bureau, il faut ignorer tous les rabatteurs qui, pour vous attirer dans leur agence vous expliquent que le bureau est fermé, qu'il a déménagé, qu'il a brûlé ou tout simplement vous indique leur agence en vous affirmant que c'est "International Foreign Office". Même quand on est prévenu par le guide, c'est déroutant! C'est là qu'arrivent Sabine et Kinga avec leur gros sac à dos et un grand sourire au lèvres. A peine sommes nous installés dans le train qu'elles nous parlent du Ladakh, elles sont enchantées et nous donnent plein de conseils. Elles ont déjà annoncées notre arrivées à un guide local et à l'auberge où elle logeaient à Leh. Merci les filles!

Au Jonney's, bonne petite adresse d'Agra avec Kinga et Sabine.



La force s'allie à la grâce
 
Agra est une ville marquée par l'empreinte des Moghols. Cet empire, dont le premier empereur, Babur, était un descendant du Mongol Genghis Khan et de Tamerlan a dominé l'Inde à partir du XVIème siècle. A Agra les moghols ont construit le fort rouge et le Taj Mahal, une des sept merveilles du monde, principale source de revenu de la ville. Les autorités sont allés jusqu'à ordonner la fermeture de toutes les usines des alentours car la pollution qu'elles engendraient faisait jaunir le marbre blanc du monument. Le Taj, dont nous avons pu admirer les proportions parfaites est pour beaucoup un véritable "hymne à l'amour". C'est le mausolée construit par l'inconsolable Shah Jahan pour son épouse. Le malheureux Jahan, à la fin de sa vie, n'a pu observer le Taj Mahal que depuis une fenêtre du fort rouge où il avait été emprisonné par son fils, Aurangzeb, qui l'avait détrôné.
Le Taj Mahal
 
Nous avons assidument visité les monuments d'Agra et sommes allés des uns aux autres en marchant ou en rickshaw. Nous avons pu constater à quel point la ville est sale, la rivière est polluée. C'est choquant surtout quand on sort de l'enceinte des monuments où tout est bien entretenu. Évidement, beaucoup de touristes sont déposés à l'entrée des lieux à visiter... Comment les habitants d'Agra acceptent-t-ils de vivre dans un tel environnement? La manne financière qu'apportent les monuments les plus chers d'Inde ne pourrait-elle pas servir à améliorer leur cadre de vie?
 
Ça mousse sur la rivière d'Agra...
 
En fin d'après midi, nous avons repris le train direction Delhi où nous avons partagé un dernier repas sur un toit terrasse de Pahar Ganj. Retrouvailles brèves mais chaleureuses.
 
 
Malheureusement, le 22 juillet nous n'avons pas pu aller à Benares voir l'éclipse totale de soleil... Voilà ce que nous avons vu de Delhi.